Il est clair que Koller n’avait pas pu faire autrement que de se sentir attiré surtout par Goldschmidt, qui, tout bien considéré en soi et pour soi, était au premier chef exactement comme lui, Koller, pour l’abolition de la société de classes et un être de l’esprit. À propos de la langue il aurait dit qu’elle se composait surtout de mots équivalant à des poids par lesquels les pensées sont constamment ramenées vers le bas et à terre, et par là ne peuvent en absolument aucun cas devenir manifestes dans toute leur signification et leur infini effectif. La langue pesait de la manière la plus malheureuse sur la pensée qu’il fallait retenir et la réduisait dans tous les cas à un état constant de faiblesse de l’esprit, dont celui qui pense devait cependant s’accommoder. Penser n’avait encore jamais été rendu dans sa perfection et son infini, avait dit Goldschmidt à Koller. Rien de cela, aussi longtemps que rendre la pensée devrait passer par la langue, ne changerait.
30 05 24
Bernhard, Les Mange-pas-cher
, ,
trad.
Claude Porcell
, , ,
p. 105