20 07 24

Hoffmanstall, Lettre de Lord Chandos et autres textes

Vous m’avez fait venir pour que je vous raconte quelque chose sur un poète de ce temps ou bien encore sur quelques poètes ou sur la poé­sie en géné­ral. Vous aimez entendre, pense-t-on cer­tai­ne­ment, ce dont j’aime par­ler. Nous sommes tous jeunes et ain­si, rien ne sau­rait appa­rem­ment être plus com­mode et plus ano­din. Je crois réel­le­ment qu’il ne me serait pas très dif­fi­cile d’assembler quelques cen­taines d’adjectifs et de verbes de telle façon qu’ils nous feraient plai­sir un quart d’heure. En pre­mier lieu, je le crois pré­ci­sé­ment parce que je sais que nous sommes tous jeunes et que je peux à peu près m’imaginer par qui vous aimez être menés. Il est pas­sa­ble­ment facile d’entrer par la flat­te­rie dans les bonnes grâces de la géné­ra­tion à laquelle on appar­tient. « Nous » est une belle parole, les pays des contem­po­rains de notre vie se déroulent comme de grands arrière-plans jusqu’aux océans et même jusqu’aux étoiles et, sous nos pieds, reposent les pas­sés, allon­gés dans des abîmes trans­pa­rents comme des pri­son­niers. Et de par­ler de la lit­té­ra­ture de notre temps, il y a dif­fé­rentes façons qui sont plai­santes.

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trad.  Albert Kohn
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p. 21