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La littérature a aussi inspiré la musique dans sa forme. Par exemple, les titres des Märchenbilder (« Images de contes ») pour alto et piano opus 113 (1851) et des Märchenerzählungen (Récits de contes) pour clarinette, alto et piano opus 132 de Schumann (1853) sont des références explicites au Märchen, au conte. La notion de la Märchenerzählung montre que le texte musical raconte à nouveau ce que le conte dit à sa manière. La musique ne met donc pas en rythme et mélodie un récit ; elle raconte dans son médium. Elle est récit au carré, ou sens au carré, et de façon très singulière, car elle a besoin de se multiplier par la littérature (ici la prose des Grimm). Schumann considère d’ailleurs que la meilleure façon de lire les contes est la lecture à haute voix, qu’il pratique beaucoup auprès de ses enfants. Schumann a transposé en musique la « courbe intonative du récit ». La poésie (qui hante les proses) devient le modèle de la musique.

Contre un Boileau
Fayard 2015
poésie/musique