Les puzzles suscités par la théorie lockéenne de l’identité personnelle, notamment l’hypothèse de deux personnes habitant un même corps (identité synchronique) ou d’une même personne habitant deux corps différents (identité diachronique) présentent la même structure argumentative que les questions médiévales sur le baptême des siamois. L’archéologie du sujet fouille une archive où, sur la longue durée, Martin Scribler, le roman écrit à quatre mains (au moins), par Arbuthnot, Pope et Swift contre Locke, coexiste avec les quodlibets de Jean Peckham ou d’Henri de Gand rédigés contre Thomas d’Aquin et Averroès. Un des plaisirs de l’intrigue sur la longue durée est de construire l’espace dans lequel les questions sur les « jumelles monstrueuses de Bohême » d’une gazette londonienne du XVIIIe siècle comme le British Apollo (« Whether each of the twins […] hath a distinct soul, or whether one informs them both ? », « Could a man marry the twins and not be guilty of polygamy ? », etc.) rencontrent celles des théologiens médiévaux (« Faut-il baptiser une fois ou deux fois un “monstre à deux têtes” ? » « Sont-ils – est-il – deux personnes ou une seule personne ? » « Un ou deux sujets ? », etc.)
23 01 17