23 01 17

Les puzzles sus­ci­tés par la théo­rie lockéenne de l’identité per­son­nelle, notam­ment l’hypothèse de deux per­sonnes habi­tant un même corps (iden­ti­té syn­chro­nique) ou d’une même per­sonne habi­tant deux corps dif­fé­rents (iden­ti­té dia­chro­nique) pré­sentent la même struc­ture argu­men­ta­tive que les ques­tions médié­vales sur le bap­tême des sia­mois. L’archéologie du sujet fouille une archive où, sur la longue durée, Martin Scribler, le roman écrit à quatre mains (au moins), par Arbuthnot, Pope et Swift contre Locke, coexiste avec les quo­dli­bets de Jean Peckham ou d’Henri de Gand rédi­gés contre Thomas d’Aquin et Averroès. Un des plai­sirs de l’intrigue sur la longue durée est de construire l’espace dans lequel les ques­tions sur les « jumelles mons­trueuses de Bohême » d’une gazette lon­do­nienne du XVIIIe siècle comme le British Apollo (« Whether each of the twins […] hath a dis­tinct soul, or whe­ther one informs them both ? », « Could a man mar­ry the twins and not be guil­ty of poly­ga­my ? », etc.) ren­contrent celles des théo­lo­giens médié­vaux (« Faut-il bap­ti­ser une fois ou deux fois un “monstre à deux têtes” ? » « Sont-ils – est-il – deux per­sonnes ou une seule per­sonne ? » « Un ou deux sujets ? », etc.)

« Entretien avec Actu phi­lo­so­phia »
2017
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