23 01 17

Libera, Entretien avec Actu philosophia

J’entends par attri­bu­ti­visme* toute doc­trine qui fait des actes et des états men­taux des pro­prié­tés attri­bués à un sujet défi­ni comme ego. Cette posi­tion, qui fonde les idées lockéennes du sujet comme sujet d’attribution et d’(auto-)imputation d’actes (et jusqu’à l’idée de la per­sonne comme « terme de bar­reau », foren­sic term), est donc très dif­fé­rente de l’attributivisme en son sens clas­sique tel que je l’évoquais juste aupa­ra­vant. Ce schème selon lequel je suis le sujet et l’auteur, le sujet-agent de mes pen­sées, appa­raît au Moyen Âge, chez Thomas d’Aquin, mais aus­si chez Pierre de Jean Olieu (dit Olivi, un fran­cis­cain de la fin du XIIIe siècle), dans l’Impugnatio quo­run­dam arti­cu­lo­rum, qui sou­tient que « nos actes ne sont per­çus par nous que comme des pré­di­cats ou des attri­buts (actus nos­tri non appre­hen­dun­tur a nobis nisi tam­quam prae­di­ca­ta vel attri­bu­ta) » et que la cer­ti­tude d’en être le sujet, la cer­ti­tu­do de sup­po­si­to, est au cœur de toute « appré­hen­sion de nos actes » (puisque « je ne puis appré­hen­der mes actes, tel l’acte de voir ou celui de par­ler, qu’en appré­hen­dant que c’est moi qui vois, entends ou cogite »). Il semble s’effacer ensuite pour réap­pa­raître seule­ment avec Descartes.

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« Entretien avec Actu phi­lo­so­phia »
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