Ainsi la puissance à l’œuvre dans la propagation de l’espèce, considérée désormais en tant que suppôt unique de l’existence, aurait atteint à un état d’équilibre : en tant que celui-ci se vérifierait par la fixité de l’espèce. Mais (comme Nietzsche l’a démontré selon la théorie de l’énergie) la puissance répugne à tout état d’équilibre et le rompt par son augmentation : de même, en tant que propagation, excède-t-elle aussi l’espèce humaine, en tant que suppôt unique de l’existence : et c’est en l’excédant que la puissance fait de l’espèce une monstruosité pullulante : à ce stade, l’espèce n’est plus maîtresse de son destin : c’est en vain que la puissance chercherait à s’épuiser en un nouveau suppôt, et ainsi il lui faut revenir toujours au même, jusqu’à la totale usure de ce dernier. A cette reproduction absurde, s’oppose l’absurdité de l’Éternel Retour, encore qu’il s’agisse du même Cercle vicieux. La dévalorisation totale par la propagation de l’espèce, en tant que suppôt usurpateur de l’existence, ne trouve sa contrepartie que dans le cas singulier : en lui, la puissance excédentaire trouve son image, l’image du hasard : car le cas singulier ne se définit que négativement par rapport à la grégarité et positivement à l’égard de la puissance : le cas singulier n’est pas héréditaire, ne transmet pas son originalité : il est au contraire une menace pour l’espèce en tant qu’espèce : par rapport à lui la grégarité n’est, en effet, que pur matériel vivant, propre à une élaboration du hasard.
18 06 17