Notre vie quotidienne est composée d’un grand nombre de programmes différents et l’impression de médiocrité quotidienne naît justement de cette pluralité qui, dans certains états de scrupule névrotique, est sentie comme une hypocrisie ; nous passons sans cesse d’un programme à l’autre, comme on change de longueur d’onde à la radio, mais nous le faisons à notre insu. Or la religion n’est qu’un seul de ces programmes et n’agit guère dans les autres.
Comme dit Paul Pruyser dans sa Dynamic Psychology of Religion, la religiosité n’occupe, dans une journée, que la moindre partie des pensées d’un homme religieux : mais on en dirait autant des pensées d’un sportif, d’un militant ou d’un poète. Elle occupe une étroite bande, mais l’occupe sincèrement et intensément.
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On se sent plus à l’aise pour étudier les croyances, religieuses ou autres, quand on comprend que la vérité est plurielle et analogique. Cette analogie du vrai fait que l’hétérogénéité des programmes passe inaperçue : nous sommes toujours dans le vrai quand nous changeons à notre insu de longueur d’onde ; notre sincérité est entière lorsque nous oublions les impératifs et usages de la vérité d’il y a cinq minutes, pour adopter ceux de la nouvelle vérité.
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