Aise est le nom propre de cet espace non représentable. Le terme aise désigne en effet, selon son étymologie, l’espace à côté (adjacens, adjacentia), le lieu vide où il est possible à chacun de se mouvoir librement, dans une constellation sémantique où la proximité spatiale voisine avec le temps opportun (à l’aise, avoir ses aises) et la commodité avec le relation appropriée. Les poètes provençaux (dans les vers desquels le terme apparaît pour la première fois en langue romane, sous la forme aizi, aizimen) dont de l’aise un terminus technicus de leur poétique, désignant le lieu même de l’amour. Ou plutôt, non pas tant le lien de l’amour que l’amour comme expérience de l’avoir-lieu d’une singularité quelconque. En ce sens, aise désigne parfaitement ce « libre usage du propre » qui, selon une expression de Hölderlin, est « la tâche la plus difficile ». « Mout mi semblatz de bel aizin » : tel est le salut que les amants, dans la chanson de Jaufré Rudel, échangent en se rencontrant.
18 06 17