18 06 17

Lyotard, Rudiments païens

Klosswski dit : ma syn­taxe, c’est la peau de Roberte, la peau enfer­mant le volume du corps sin­gu­lier por­tant un nom propre. Or cela, ce que dit Klossowki, n’est pas la per­ver­sion ? La dure­té, la ten­sion de la gram­maire et du lexique opèrent comme la pro­duc­tion d’un écran ten­du à rompre, cet écran se referme sur lui-même en un corps volu­mi­neux, le corps de Roberte, ce corps est atta­chable à un sujet qui vien­dra en occu­per l’intérieur. Et alors toute varia­tion fixe de la gram­maire, du lexique fera signe, fris­son, pas­sage d’intensité sur le corps propre de la vic­time. Cette varia­tion fixe n’est pas néces­sai­re­ment l’agression ou plu­tôt l’expérimentation sadienne, elle per­met toutes les expé­ri­men­ta­tions, la peau gram­ma­ti­cale rend la mon­naie de toutes les pièces qu’on y découpe, mon­naie déjà presque vivante. La ten­sion syn­taxique de Klossowski, ouvrant le théâtre de ce qu’il nomme le sup­pôt, le volume interne du sujet, n’est-elle pas la pré­pa­ra­tion à toute per­ver­sion ? Puisqu’elle consti­tue le sup­po­sé corps, le corps ima­gi­naire qui ser­vi­ra de repère pour un usage vain, des­truc­teur des émo­tions intenses ?