Le présent volume, consacré à la condition du sujet, traite donc à la fois de ses infortunes et de ses prospérités. D’un côté, disons dans une certaine tradition postlockéeenne, la reconnaissance de la nécessité d’un sujet des pensées et des actions creuse le lit de la personne ; remplacé par la personne, le sujet ne survit, sous son propre nom, que comme instrument d’analyse logique, balayé ontologiquement en même temps que la substance. Le triomphe de la personne n’est cependant pas total ou, plutôt, celui de l’hypostase (trinitaire) sur le sujet (aristotélicien) ne passe pas par la seule exaltation de la personne : d’un autre côté, disons dans une certaine tradition scolastique culminant chez Leibniz, l’hypostase règne aussi à travers le « suppôt » (suppositum), le sujet donc, restauré et exalté à son tour, à la place de la personne, dont il absorbe, récupère et assimile l’ensemble des prédicats les plus insignes.
18 06 17