01 08 25

Bloch, Le Principe Espérance

On ne peut donc guère espé­rer déli­vrer le corps de ses maux à par­tir de lui seul. C’est pour­quoi tous ceux qui cherchent à amé­lio­rer notre situa­tion en n’agissant que sur la san­té sont à ce point petits-bour­geois et gro­tesques, qu’il s’agisse des végé­ta­riens, des consom­ma­teurs pas­sion­nés de plantes ou encore des adeptes de la tech­nique res­pi­ra­toire. Tout cela est bien déri­soire face à la misère réelle, aux mala­dies engen­drées non par les fai­blesses du corps mais par la faim vio­lente, non par la façon incor­recte de res­pi­rer mais par la pous­sière, la fumée et le plomb. Certes il y a des gens qui res­pirent de la bonne manière, qui asso­cient les pou­mons bien aérés, le main­tien déga­gé et droit de la cage tho­ra­cique, souple jusqu’à un âge avan­cé, avec un sen­ti­ment agréable de sa propre valeur. Toutefois la condi­tion sine qua non pour en arri­ver là est l’argent, qui est bien plus salu­taire au dos cour­bé que l’art de respirer.

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trad.  Françoise Wuilmart
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p. 31