25 08 25

Theweleit, La possibilité d’une vie non-fasciste

Penser dans un autre pays. L’art dans la dia­spo­ra. On les trouve rare­ment chez ceux qui se disent « autoch­tones ». Produits d’expul­sés. Ce qui veut dire que « pen­ser » n’est pas nor­mal. « L’art » ne pousse pas bien dans la terre natale.
Mais les deux peuvent être enfan­tins, même en exil. Adorno :

Depuis que je suis capable de pen­ser, cette chan­son a tou­jours fait mon bon­heur : Entre les monts et la val­lée pro­fonde : c’est l’histoire de deux lièvres qui se réga­laient d’herbe, ils furent abat­tus par le chas­seur et, s’apercevant qu’ils étaient encore en vie, ils déta­lèrent. C’est plus tard seule­ment que je com­pris la leçon de cette his­toire : la rai­son ne peut résis­ter que dans le déses­poir et l’excès ; il faut de l’impuissance pour être vic­time de la folie objec­tive. On devrait faire comme les deux lièvres ; quand le coup part, tom­ber bête­ment et filer. Si, repre­nant ses esprits et, si l’on a encore du souffle, filer. L’aptitude à l’angoisse et l’aptitude au bon­heur sont la même chose […].

On trou­ve­ra dif­fi­ci­le­ment un enfant gran­dis­sant avec la langue alle­mande qui ne soit pas accom­pa­gné par le bon­heur de ces « deux lièvres ». Mais quelques-uns seule­ment ont réa­li­sé la simul­ta­néi­té du « déses­poir et de l’excès » comme fon­de­ments de la « rai­son » ; et qu’elle a besoin de « l’absurde » « pour ne pas être vic­time de la folie objective ».