Un corps repu n’aurait aucune raison de se plaindre. S’il n’était privé ni de vêtements, ni d’abri, autrement dit de presque tout. S’il n’était privé d’amis et si la vie se déroulait facilement et paisiblement au lieu d’être la tourmente qu’elle est devenue pour la plupart des hommes. Mais voilà, ce n’est que dans la fable, toujours très révélatrice, et le conte politique que l’on rencontre les petites-tables-qui-se-dressent-toutes-seules et le pays de cocagne. Tout comme la Fontaine de Jouvence dans l’image-souhait médicale, le pays de cocagne confine lui aussi à l’utopie sociale, il en est le prélude joyeux. Tous les hommes y sont égaux, c’est-à-dire qu’ils y sont tous bien lotis, et il n’y est question ni d’effort pénible, ni de travail. Les alouettes rôties leur tombent dans la bouche et ce qui y est espéré est déjà gagné ; tout rêve et toute chose s’offrent d’eux-mêmes comme des biens d’usage courant.
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