Une autre manière de lire, concurrente, dans tous les sens du terme, puisque c’est de cette concurrence, devenue concours, que résulte en partie ce que j’ai appelé dans Naissance du sujet le « chiasme de l’agence » (p. 50), est d’y voir la personne s’emparer des insignes du sujet, en le vidant, littéralement, de sa substance. Si l’on peut penser la fonction sujet sans la substantialité, si l’on peut se passer de la substance comme caution ontologique de la possibilité de « nous-même », de my own, si l’on peut se passer de la substance comme hypostase du moi, on peut aussi bien se passer du subiectum, du sujet ou du suppôt (de quelque nom qu’on l’appelle).
L’heure de la personne a sonné. Et avec elle celle de ce que j’appellerai ici : la personnification du sujet. Le sujet personnifié est une personne qui a tout du sujet, qui bloque sur elle les deux dimensions reconnues depuis Aristote au kategorein : « accuser quelqu’un de quelque chose » et « attribuer quelque chose à quelque chose », soit :
- kategorein(1) > accuser > impute : sujet d’imputation (l’homme individuel, la personne, le Self), Morale
- kategorein(2) > attribuer > attribute : sujet d’attribution (l’homme, l’âme, l’esprit, le corps), Psychologie