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L’homme n’est pas le sujet : le sup­pôt auquel s’at­tri­buent ses actions est soit la per­sonne, soit son âme. La place du sujet dans ce dis­po­si­tif est mar­quée à l’en­droit du « sup­pôt », d’où pro­cèdent les actions : c’est celle d’une fonc­tion. La seule ques­tion que pose [Pierre-Sylvain] Régis est de savoir qui en est le véri­table titu­laire dans l’homme : la per­sonne ou l’âme. Sa thèse propre sup­pose l’é­qua­tion théo­lo­gique : per­sonne = sup­pôt (= hypo­stase). […] S’agissant de l’homme, le sujet est soit per­sonne soit âme, il n’est pas encore Je, Ich, ego, Self. Subiectum et ego, sub­jec­ti­té et égoï­té (Ichheit) n’ont pas encore « acquis une signi­fi­ca­tion iden­tique ». Le subiec­tum, le sujet, voire le sup­pôt, en tant qu’il relève de la confi­gu­ra­tion aris­to­té­li­cienne, ne peut, à l’é­poque et dans le milieu de Régis, faire valoir les droits au titre que la per­sonne s’est acquis, seule, de l’autre côté de la Manche quelques années plus tôt grâce à Locke, ni même ceux qu’elle pos­sède depuis des décen­nies dans la tra­di­tion médié­vale et celle de la Seconde Scolastique.

Archéologie du sujet
vol. 2 La quête de l’identité
Vrin 1996
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