21 02 16

quand nous parlons d’expérience nous imaginons que la mémoire a une valeur positive        mais le terme de mémoire ne fait qu’amplifier le problème        les gens quand ils parlent de mémoire imaginent vaguement une sorte de coffre de stockage neural        peut-être comme un classeur        tout comme ils se représentent le système de stockage d’un ordinateur        où chaque souvenir a une place assignée dans un dossier distinct dans un tiroir particulier de ce classeur imaginaire        le problème c’est que personne n’a jamais été en mesure de trouver ces coffres        même si lorsque j’étais étudiant un grand psychologue physiologiste qui s’appelait donald hebb a suggéré que la mémoire        qui embarrassait depuis longtemps tous les investigateurs        pouvait se trouver dans ce qu’il a appelé les circuits réverbérants        c’est-à-dire que les impulsions électriques correspondant aux perceptions seraient aiguillées dans un groupe de neurones fermé sur lui-même        dans lequel elles tourneraient jusqu’à ce qu’on les rappelle        pourêtreexécutées par le système moteur ou intégrées à quelque activité corticale de niveau supérieur        c’était une belle idée qui a provoqué une très grande excitation à l’époque        mais personne n’a pu trouver un seul de ces circuits        qui n’ait tenu plus de quelques secondes        et depuis cette époque dans les années cinquante        en dépit de toutes les grandes avancées technologiques dans l’étude de la neurologie et de la psychologie        personne vraiment n’a eu la plus petite idée concrète du fondement neurologique de la mémoire        et nous devons nous rabattre comme souvent sur le phénoménologique et le linguistique        il faut que nous examinions l’expérience de l’intérieur de l’expérience pour voir quelle idée nous pouvons en tirer

« qu’est-il arrivé à Walter ? »
je n’ai jamais su quelle heure il était
héros limite 2005
p. 176