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Augustin, Œuvres de Saint Augustin

Comment donc prou­ve­rons-nous que Dieu échappe à toute qua­li­fi­ca­tion acci­den­telle ? Par cela seule­ment que sa nature échappe à tout ce qui la pour­rait modi­fier, si les acci­dents rela­tifs sont ceux qui adviennent avec un chan­ge­ment dans leur sujet. Par exemple, ami est dit de manière rela­tive. On ne com­mence à être qu’en com­men­çant à aimer : il se pro­duit donc un chan­ge­ment dans la volon­té pour qu’on puisse être dit ami. Mais une pièce de mon­naie, quand elle est dite prix [de], est dite ain­si de manière rela­tive, et pour­tant elle n’est pas modi­fiée quand elle devient prix ; et pas davan­tage quand on la dit cau­tion ou autres noms sem­blables. Eh bien, si une pièce de mon­naie peut, sans chan­ger aucu­ne­ment, être si sou­vent dite de manière rela­tive, sans que, en rece­vant ou per­dant cette qua­li­fi­ca­tion, son être ou sa forme de pièce de mon­naie en soit modi­fiés, avec quelle plus par­faite aisance devons-nous admettre, à pro­pos de cette immuable sub­stance de Dieu, qu’elle puisse être dite quelque chose rela­ti­ve­ment à la créa­ture, et que, mal­gré la nou­veau­té tem­po­relle de cette dési­gna­tion, l’on ne doive pas pen­ser que quelque chose advient acci­den­tel­le­ment à la sub­stance de Dieu, mais à la créa­ture que la dési­gna­tion concerne ?

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« De Trinitate » Œuvres de Saint Augustin
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t. 15
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trad.  Mallet & Camelot
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p. 17–18
, tra­duc­tion légè­re­ment modi­fiée par Irène Rosier-Catach qui cite le pas­sage dans La parole effi­cace, Seuil, 2004, p. 109