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3. “ Tout ” se dit par rap­port à des par­ties. Or il y a deux sortes de par­ties : les par­ties de l’essence : ain­si la matière et la forme, qui sont dites les par­ties du com­po­sé ; le genre et la dif­fé­rence, par­ties de l’espèce ; les par­ties de la quan­ti­té, en les­quelles se divise une quan­ti­té don­née. Qu’un tout selon la tota­li­té de la quan­ti­té soit dans un lieu, il ne peut pas être en même temps en dehors de ce lieu, car la quan­ti­té du loca­li­sé est exac­te­ment mesu­rée par la quan­ti­té du lieu qu’il occupe ; de sorte qu’il n’y a pas tota­li­té de la quan­ti­té s’il n’y a pas tota­li­té du lieu. Mais la tota­li­té de l’essence n’est pas ain­si mesu­rée par la tota­li­té du lieu. Il n’est donc pas néces­saire que si un tout selon la tota­li­té de l’essence est dans un lieu, il ne soit d’aucune manière en dehors de ce lieu. C’est ce qui appa­raît même dans les formes acci­den­telles, qui sont acci­den­tel­le­ment douées de quan­ti­té. Ainsi la blan­cheur est tout entière en chaque par­tie de sa sur­face, si on l’entend de la tota­li­té de son essence, car on la trouve en chaque par­tie avec toute sa per­fec­tion spé­ci­fique. Mais si la tota­li­té dont on parle est celle de l’étendue qui lui est acci­den­telle, alors la blan­cheur n’est pas tout entière en chaque par­tie de la sur­face blanche. Or, dans les êtres incor­po­rels, il n’y a pas de tota­li­té, aus­si bien par soi que par acci­dent, sinon celle de leur per­fec­tion spé­ci­fique. Et ain­si, de même que l’âme est tout entière dans chaque par­tie du corps, Dieu est tout entier dans tous les êtres et dans cha­cun.

Somme théo­lo­gique
1266–1273 méréologie pour la foule/dans le mille somme théologique thomas d'aquin totalité tout et partie