Il se produit dans une certaine différence entre les noms et les choses, entre les éléments symboliques et les éléments symbolisés. En quoi consiste cette différence ?
Ce n’est point celle par laquelle les mots produisent un effet de sens, alors que les choses ne le produisent pas. Ce n’est pas non plus la différence entre physis et nomos, entre le caractère naturel des choses et le caractère conventionnel des mots.
Elle est dans le fait que les noms sont en nombre fini et les choses sont en nombre infini, qu’il y a rareté relative des mots ; qu’on ne peut pas établir une relation bi-univoque entre mots et choses. Bref, que la relation entre les mots et ce qu’ils désignent n’est pas isomorphe à la relation qui permet de dénombrer.
En d’autres termes, c’est un caractère propre à la matérialité des mots – leur rareté – qui donne lieu au sophisme. Le Sophiste c’est celui qui se sert du même mot, du même nom, de la même expression pour dire deux choses différentes, de sorte qu’il dit deux choses dans l’identité même de la chose dite.