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Acceptant une classification dont les traits essentiels ont été dressés par Platon mais qui lui est largement antérieure, il oppose la compétence universelle, dans le domaine du relatif, de l’orateur et du sophiste au savoir des sectes philosophiques et religieuses. D’un côté la ruse, la tromperie (apatè) délibérément acceptée, de l’autre la possession de l’alètheia, possession non monnayable et transmissible seulement de maître à disciple, mais les maîtres de vérité ne le sont plus que de groupes infimes qui échouent – c’est ce que montre dramatiquement l’aventure pythagoricienne – lorsqu’ils tentent de l’imposer à une cité tout entière. Pour l’orateur et le sophiste, la vérité, c’est la réalité, l’argument bon ou mauvais qu triomphe, la décision une fois qu’elle est appliquée.

Les Maîtres de Vérité dans la Grèce archaïque [1967]
Le livre de poche 2006
p. 46