03 12 17

Une lec­ture phi­lo­so­phique du Capital est donc tout le contraire d’une lec­ture inno­cente. C’est une lec­ture cou­pable, mais qui n’ab­sout pas sa faute dans son aveu. Au
contraire, elle reven­dique sa faute comme une « bonne faute », et la défend en démon­trant sa néces­si­té. C’est donc une lec­ture d’ex­cep­tion qui se jus­ti­fie elle-même
comme lec­ture, en posant à toute lec­ture cou­pable, la ques­tion même qui démasque son inno­cence, la simple ques­tion de son inno­cence : qu’est-ce que lire ?

[…]

S’il n’est pas de lec­ture inno­cente, c’est que toute lec­ture ne fait que réflé­chir dans sa leçon et dans ses règles la vraie res­pon­sable : la concep­tion de la connais­sance qui, sou­te­nant son objet, la fait ce qu’elle est. Nous l’avons aper­çu à pro­pos de la lec­ture “expres­sive” cette lec­ture à ciel et à visage ouverts de l’essence dans l’existence : et nous avons soup­çonne der­rière cette pré­sence totale, où l’opacité se réduit à rien, la ténèbre du phan­tasme reli­gieux de la trans­pa­rence épi­pha­nique.

« Du « Capital » à la phi­lo­so­phie de Marx »
Lire le Capital
vol. 1
Maspero 1973
p. 12, 38