Ouvrez le prétendu corps et déployez toutes ses surfaces : non seulement la peau avec chacun de ses plis, rides, cicatrices, avec ses grands pans veloutés, et contigus à elle le cuir et sa toison de cheveux, la tendre fourrure pubienne, les mamelons, les ongles, les cornes transparentes sous le talon, la légère friperie, entée de cils, des paupières, mais ouvrez et étalez, explicitez les grandes lèvres, les petites lèvres avec leur réseau bleu et baignés de mucus, dilatez le diaphragme du sphincter anal, coupez longitudinalement et mettez à plat le noir conduit du rectum, puis du côlon, puis du cæcum, désormais bandeau à surface toute striée et polluée de merde, avec vos ciseaux de couturière ouvrant la jambe d’un vieux pantalon, allez, donnez jour au prétendu intérieur de l’intestin grêle, au jéjunum, à l’iléon, au duodénum, ou bien à l’autre bout, débridez la bouche aux commissures, déplantez la langue jusqu’à sa lointaine racine et fendez-là, étalez les ailes de chauve-souris du palais et de ses sous-sols humides, ouvrez la trachée et faites-en la membrure d’une coque en construction ; armé des bistouris et des pinces les plus fins, démantelez et déposez les faisceaux et les corps de l’encéphale ; et puis tout le réseau sanguin intact à plat sur une immense paillasse, et le réseau lymphatique, et les fines pièces osseuses du poignet, de la cheville, démontez et mettez-les bout à bout avec toutes les nappes de tissu nerveux qui enveloppe l’humeur aqueuse et avec le corps caverneux de la verge, et extrayez les grands muscles, les grands filets dorsaux, étendez-les comme des dauphins lisses qui dorment.
Faites le travail qu’accomplit le soleil quand votre corps prend un bain, ou l’herbe.