Le sourire du Noir, le grin, semble avoir retenu l’attention de beaucoup d’écrivains. Voici ce qu’en dit Bernard Wolfe : « Nous nous plaisons à représenter le Noir souriant de toutes ses dents à notre adresse. Et son sourire, tel que nous le voyons, — tel que nous le créons, — toujours signifie un don… »
Dons sans fin, tout au long des affiches, des écrans de cinéma, des étiquettes de produits alimentaires… Le Noir donne à Madame les nouvelles « teintes créole sombre » pour ses purs nylons, grâce à la maison de Vigny, ses flacons « grotesques », « tortillés », d’eau de Cologne de Golliwogg et de parfums. Cirage des chaussures, linge blanc comme neige, couchettes basses, confortables, transport rapide des bagages ; jazz jitterbug, jive, comédies, et les contes merveilleux de Brer Rabbitt (Frère Lapin) pour la joie des tout-petits. Le service avec le sourire toujours… « Les Noirs, écrit un anthropologiste (a), sont maintenus dans leur attitude obséquieuse par les sanctions extrêmes de la crainte et de la force, et ceci est bien connu des Blancs et des Noirs tout à la fois. Néanmoins les Blancs exigent que les Noirs se montrent souriants, empressés et amicaux dans tous leurs rapports avec eux… » (« L’oncle Rémus et son lapin », Bernard Wolfe, Les Temps Modernes, n°43, p. 888)