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Le sou­rire du Noir, le grin, semble avoir rete­nu l’attention de beau­coup d’écrivains. Voici ce qu’en dit Bernard Wolfe : « Nous nous plai­sons à repré­sen­ter le Noir sou­riant de toutes ses dents à notre adresse. Et son sou­rire, tel que nous le voyons, — tel que nous le créons, — tou­jours signi­fie un don… »

Dons sans fin, tout au long des affiches, des écrans de ciné­ma, des éti­quettes de pro­duits ali­men­taires… Le Noir donne à Madame les nou­velles « teintes créole sombre » pour ses purs nylons, grâce à la mai­son de Vigny, ses fla­cons « gro­tesques », « tor­tillés », d’eau de Cologne de Golliwogg et de par­fums. Cirage des chaus­sures, linge blanc comme neige, cou­chettes basses, confor­tables, trans­port rapide des bagages ; jazz jit­ter­bug, jive, comé­dies, et les contes mer­veilleux de Brer Rabbitt (Frère Lapin) pour la joie des tout-petits. Le ser­vice avec le sou­rire tou­jours… « Les Noirs, écrit un anthro­po­lo­giste (a), sont main­te­nus dans leur atti­tude obsé­quieuse par les sanc­tions extrêmes de la crainte et de la force, et ceci est bien connu des Blancs et des Noirs tout à la fois. Néanmoins les Blancs exigent que les Noirs se montrent sou­riants, empres­sés et ami­caux dans tous leurs rap­ports avec eux… » (« L’oncle Rémus et son lapin », Bernard Wolfe, Les Temps Modernes, n°43, p. 888)

Peau noire, masques blancs [1952]
Seuil 2015
p. 47
note 1