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On sait aus­si qu’une thèse n’est pas un livre, c’est l’accomplissement lit­té­raire d’un rite de pas­sage, les minutes d’un pro­cès d’amphithéâtre dont la prin­ci­pale sin­gu­la­ri­té est qu’elles sont rédi­gées par l’accusé lui-même durant les années qui pré­cèdent son juge­ment. On sait aus­si qu’un livre peut naître d’une thèse : il suf­fit que le cou­pable efface les traces, qu’il par­vienne à maquiller la ser­vi­tude de son tra­vail en un libre diver­tis­se­ment ou, inver­se­ment, qu’il sache don­ner à l’intériorisation de la contrainte admi­nis­tra­tive la force sty­lis­tique de l’obligation inté­rieure.

Penser au Moyen Âge
Seuil 1991
p. 28
académique contrainte culpabilité framing jugement thèse trace université