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La thèse d’Alexandre est que les formes maté­rielles (enga­gées dans la matière) deviennent imma­té­rielles « quand elles sont connues sépa­ré­ment de la matière ». Cela ne veut pas dire que les abs­trac­tions (= les objets mathé­ma­tiques) sont des uni­ver­saux, mais que les uni­ver­saux et les abs­trac­tions sont des concepts pro­duits par une aphai­re­sis, i. e. par un acte de l’in­tel­lect consis­tant à conce­voir sépa­ré­ment (de la matière) quelque chose qui par soi n’existe pas à l’é­tat sépa­ré (de la matière). Or, c’est bien là selon nous l’o­ri­gi­na­li­té d’Alexandre : elle ne consiste pas à inter­pré­ter les objets mathé­ma­tiques comme des uni­ver­saux, mais tout au contraire à inter­pré­ter la pro­duc­tion des uni­ver­saux sur le modèle de l’abs­trac­tion des êtres mathé­ma­tiques.

L’art des géné­ra­li­tés. Théories de l’abs­trac­tion
chap. 1 : Alexandre d’Aphrodise
Aubier 1999
p. 45
abstraction aphairesis