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Selon Sharples, l’abs­trac­tion porte donc sur l’u­ni­ver­sel qu’elle dégage (= libère) du par­ti­cu­lier, non sur le par­ti­cu­lier dont elle déga­ge­rait (= extrai­rait) l’u­ni­ver­sel : ce n’est pas une induc­tion allant du par­ti­cu­lier à l’u­ni­ver­sel, mais une abla­tion du par­ti­cu­lier qui laisse voir l’u­ni­ver­sel. L’idée est sédui­sante. Le registre du grec aphai­re­sis est, on l’a vu, plus large que celui de l’”abstraction”, puis­qu’il inclut aus­si l’i­dée de “retran­che­ment” ou de “néga­tion”. Selon ces accep­tions, on peut donc être ten­té de dire qu’il y a moins, chez Alexandre, induc­tion abs­trac­tive de l’u­ni­ver­sel à par­tir de par­ti­cu­liers que retran­che­ment des acci­dents accom­pa­gnant un uni­ver­sel dans un par­ti­cu­lier, autre­ment dit des sen­sibles – l’u­ni­ver­sel, ain­si déga­gé, étant ipso fac­to d’ordre men­tal ou concep­tuel.

L’art des géné­ra­li­tés. Théories de l’abs­trac­tion
chap. 1 : Alexandre d’Aphrodise
Aubier 1999
p. 66–67
abstraction aphairesis