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24/01 [arti­fice] Allen Ginsberg : « la méthode doit être de la viande la plus crue ». Non. Dans mes livres tout se passe dans la dis­tance (de la pen­sée), dans l’é­cart (du sym­bo­lique). Pas de « spon­ta­néi­té », pas d’«authenticité » confes­sion­nelle, pas de trans­crit direct. Une fabrique, osten­sible. Tout livre est un théâtre tech­ni­que­ment mon­té. L’action d’é­crire se joue entre d’une part un rêve sub­jec­tif de délec­ta­tion im-médiate (« nature », « corps », « sou­ve­nirs », « sen­sa­tions ») et d’autre part l’ob­jec­ti­vi­té d’une éla­bo­ra­tion com­po­sée. Résultat : un arti­fice com­plexe, armé du savoir que l’im­mé­dia­te­té n’est qu’un leurre, qu’on ne tra­vaille pas face à la « réa­li­té », mais à tra­vers le mur du sym­bo­lique. Scène ori­gi­nelle de cet acte et fil constant de cette action dra­ma­tique, le « réel » ne monte pour­tant, spec­tral, qu’entre les figures, les paroles, les actions (qui consti­tuent la trame de fic­tion).

Point d’ap­pui (Journal)
P.O.L 2019
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