30 01 17

Le « vir­tuose », sorte de Bouvard-en-Pécuchet du XVIIIe, est le contraire de l’homme de science. C’est ini­tia­le­ment un « col­lec­tion­neur » d’ob­jets d’art, le terme n’ayant en ce sens rien de péjo­ra­tif, puis, avec la créa­tion de la Royal Society, un col­lec­tor in science en même temps qu’un expé­ri­men­ta­teur du dimanche. C’est ce type social de l’a­ma­teur de curio­si­tés, pas­sion­né par toutes sortes d’ex­pé­riences inutiles « upon Files, Maggots, Eels in Vinegar, and the Blue upon Pumbs », qui est ridi­cu­li­sé sous les traits de Sir Nicholas Gimcrack, dans la pièce de Thomas Shadwell, The Virtuoso, créée au Dorset Theater en 1676. Le vir­tuose, dont la maxime pour­rait être une des répliques de la pièce : « So it be know­ledge, ’tis no mat­ter of what ! » est la cible favo­rite des Scriblériens. La scène la plus piquante du Virtuoso est dans doute celle où Gimcrack est décou­vert sur une table de labo­ra­toire essayant d’ap­prendre à nager en imi­tant les mou­ve­ments d’une gre­nouille dans un bocal. À la fin ques­tion : avez-vous déjà essayé dans l’eau ?, le vir­tuose répond qu’il est hydro­phobe. Et d’a­jou­ter : « I content myself with the spe­cu­la­tive part of swim­ming ; I care note for the prac­ti­cal. I sel­dom bring any­thing to use… Knowledge is my ulti­mate end. » Puisqu’on a évo­qué Bouvard et Pécuchet, on rap­pel­le­ra que Les Écarts de la Nature, ou Recueil des prin­ci­pales mons­truo­si­tés que la Nature pro­duit dans le genre ani­mal, de Regnault (1745), figure par­mi les notes de lec­ture de Flaubert.

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vol. 2 : La quête de l’identité
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p. 449
, n. 6