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[Wittgenstein doit beau­coup] à la tra­di­tion phi­lo­so­phique qu’il a connue à Cambridge. [… Celle ‑ci] s’était fixée sur les « manières de par­ler » (ways of spea­king) du lan­gage quo­ti­dien (ordi­na­ry or eve­ry­day lan­guage) au point que Austin avait pour pro­gramme de « tra­quer les minu­ties du lan­gage ordi­naire » et pour répu­ta­tion d’être « l’évangéliste du lan­gage ordi­naire » (TLS, 16 nov. 1973). Plusieurs rai­sons en étaient don­nées, qui nous concernent aus­si : 1. les manières de par­ler usuelles n’ont pas d’équivalences dans les dis­cours phi­lo­so­phiques et elles n’y sont pas tra­duc­tibles parce qu’il y a plus de choses en elle que dans ces dis­cours ; 2. elles consti­tuent une réserve de « dis­tinc­tions » et de « connexions » accu­mu­lées par l’expérience his­to­rique et emma­ga­si­nées dans le par­ler de tous les jours ; 3. en tant que pra­tiques lin­guis­tiques, elles mani­festent des com­plexi­tés logiques insoup­çon­nées des for­ma­li­sa­tions savantes.
L’invention du quo­ti­dien
t. 1 « arts de faire »
Folio essai 1990
p. 28
de certeau langage ordinaire ordinarité wittgenstein