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La misère de la tra­di­tion est de s’appuyer sur la fai­blesse, qui engage le sou­ci de l’avenir. Le sou­ci de l’avenir exalte l’avarice ; il condamne l’imprévoyance, gas­pille. La fai­blesse pré­voyante s’oppose au prin­cipe de la jouis­sance de l’instant pré­sent. La morale tra­di­tion­nelle s’accorde avec l’avarice, elle voit dans la pré­fé­rence pour la jouis­sance immé­diate la racine du Mal. La morale avare fonde l’entente de la jus­tice et de la police. Si je pré­fère la jouis­sance, je déteste la répres­sion.

La lit­té­ra­ture et le mal [1957]
Gallimard Folio 2013
p. 106–107