Moosbrugger avait été dans sa jeunesse un pauvre gars, un petit berger vivant dans une commune si petite qu’elle n’avait même pas une rue de village, et il était si pauvre qu’il ne parlait jamais aux filles. Il ne pouvait jamais que les voir ; il en fut de même plus tard durant son temps d’apprentissage, et jusque dans ses tournées de journalier. Qu’on se représente un peu ce que cela veut dire. Quelque chose qu’on convoite aussi naturellement que le pain et l’eau, et qu’on a seulement le droit de voir. Au bout de quelque temps, la convoitise qui avait été naturelle cesse de l’être. Ça vous passe devant, les jupes bougent sur les mollets. Ça grimpe sur une barrière, et on voit jusqu’aux genoux. On regarde ça dans les yeux, et ils deviennent opaques. On entend ça rire, vite on se retourne, et on voit un visage aussi rond, aussi muet qu’un trou dans la terre, quand une souris vient de s’y engouffrer.
Moosbrugger war als Junge ein armer Teufel gewesen, ein Hüterbub in einer Gemeinde, die so klein war, daß sie nicht einmal eine Dorfstraße hatte, und er war so arm, daß er niemals mit einem Mädel sprach. Er konnte Mädels immer nur sehn ; auch später in der Lehre und dann gar auf den Wanderungen. Nun braucht man sich ja bloß vorzustellen, was das heißt. Etwas, wonach man so natürlich begehrt wie nach Brot oder Wasser, darf man immer nur sehn. Man begehrt es nach einiger Zeit unnatürlich. Es geht vorüber, die Röcke schwanken um seine Waden. Es steigt über einen Zaun und wird bis zum Knie sichtbar. Man blickt ihm in die Augen, und sie werden undurchsichtig. Man hört es lachen, dreht sich rasch um und sieht in ein Gesicht, das so reglos rund wie ein Erdloch ist, in das eben eine Maus schlüpfte.