De prime abord, la notion d’embarcation insiste sur l’impureté de toute pensée et de toute action, et, dès lors, elle rappelle que l’écriture littéraire, malgré sa tendance historique à refouler ses soubassements pratiques et matériels, n’a rien d’une pratique sacrée. Mais, plus qu’une piqûre de rappel, la notion renvoie plus généralement à ce qui serait la condition partagée des militant⋅es, intellectuel⋅les et artistes : dans un monde devenu rétif à toute appréhension totalisante et dans lequel l’autonomie de la sphère intellectuelle ne va plus de soi, « être embarqué » dit à la fois la perte d’un magistère, la fragilisation d’une assise fixe et la puissance opératoire (tactiques, ruses, coups) ainsi libérée.
03 09 23