03 09 23

De prime abord, la notion d’embarcation insiste sur l’impureté de toute pen­sée et de toute action, et, dès lors, elle rap­pelle que l’écriture lit­té­raire, mal­gré sa ten­dance his­to­rique à refou­ler ses sou­bas­se­ments pra­tiques et maté­riels, n’a rien d’une pra­tique sacrée. Mais, plus qu’une piqûre de rap­pel, la notion ren­voie plus géné­ra­le­ment à ce qui serait la condi­tion par­ta­gée des militant⋅es, intellectuel⋅les et artistes : dans un monde deve­nu rétif à toute appré­hen­sion tota­li­sante et dans lequel l’autonomie de la sphère intel­lec­tuelle ne va plus de soi, « être embar­qué » dit à la fois la perte d’un magis­tère, la fra­gi­li­sa­tion d’une assise fixe et la puis­sance opé­ra­toire (tac­tiques, ruses, coups) ain­si libé­rée.