24 07 24

Musil, L’homme sans qualités

L’Action paral­lèle, tou­te­fois, n’avait pas encore la moindre exis­tence réelle, et le comte Leinsdorf lui-même ne savait pas encore en quoi elle consis­te­rait. Tout ce qu’on peut dire avec cer­ti­tude, c’est que la seule chose pré­cise qui fût encore venue à l’esprit de celui-ci était une liste de noms.

C’était déjà consi­dé­rable. De la sorte, il exis­tait dès ce moment, sans que qui­conque eût besoin d’une repré­sen­ta­tion plus objec­tive, un filet de dis­po­ni­bi­li­té ten­du autour d’un vaste com­plexe d’idées ; l’on est sans doute en droit d’affirmer que c’est bien dans cet ordre qu’il faut pro­cé­der. Pour que l’humanité apprît à man­ger conve­na­ble­ment, il fal­lut d’abord qu’on inven­tât le cou­teau et la four­chette ; c’était du moins ce que disait le comte Leinsdorf.

Indes bes­tand die Parallelaktion eigent­lich damals noch gar nicht, und worin sie bes­te­hen werde, wußte selbst Graf Leinsdorf noch nicht. Wie sich mit Sicherheit sagen läßt, war das ein­zige Bestimmte, was ihm bis zu jenem Zeitpunkt ein­ge­fal­len war, eine Reihe von Namen.

Aber auch das ist unge­mein viel. Denn so bes­tand in die­sem Zeitpunkt, ohne daß irgend jemand eine sachliche Vorstellung zu haben brauchte, schon ein Netz von Bereitschaft, das einen großen Zusammenhang umspannte ; und man darf wohl behaup­ten, daß dies die rich­tige Reihenfolge ist. Denn erst muß­ten Messer und Gabel erfun­den wer­den, und dann lernte die Menschheit anstän­dig essen ; so erklärte es Graf Leinsdorf.

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t. 1
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chap. 36  : « Grâce au prin­cipe sus­nom­mé, l’Action paral­lèle devient quelque chose de tan­gible avant même qu’on sache ce qu’elle est »
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trad.  Philippe Jaccottet
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p. 172