24 07 24

Musil, L’homme sans qualités

Tout ce qui le peut s’orne d’esprit, s’en cha­marre. L’esprit, com­bi­né avec autre chose, est ce qu’il y a de plus répan­du au monde. « L’esprit de fidé­li­té », « l’esprit d’amour », un « esprit viril », un « esprit culti­vé », « le plus grand esprit de notre temps », « nous vou­lons sau­ve­gar­der l’esprit de telle ou telle chose », « nous vou­lons agir dans l’esprit de notre mou­ve­ment » : ah ! le beau son décent de tout cela jusque dans les plus b…asses classes ! Tout le reste, à côté, le crime quo­ti­dien, la cupi­di­té assi­due, appa­raît alors comme l’inavouable crasse que Dieu enlève aux ongles de ses orteils.

Mais quand l’esprit demeure tout seul, sub­stan­tif nu, glabre comme un fan­tôme à qui l’on aime­rait prê­ter un suaire, qu’en est-il donc ? On peut lire les poètes, étu­dier les phi­lo­sophes, ache­ter des tableaux, dis­cu­ter toute la nuit : mais ce que l’on y gagne, est-ce de l’esprit ? En admet­tant même qu’on en gagne, le pos­sé­de­ra-t-on pour autant ? Cet esprit-là est si étroi­te­ment lié à la forme for­tuite qu’il a prise pour entrer en scène ! Il passe à tra­vers celui qui aime­rait l’accueillir, ne lui lais­sant qu’un ébran­le­ment léger. Qu’allons-nous faire de tout cet esprit ? On ne cesse d’en pro­duire en quan­ti­tés pro­pre­ment astro­no­miques sur des tonnes de papier, de pierre et de toile, on ne cesse pas davan­tage d’en ingé­rer et d’en consom­mer dans une gigan­tesque dépense d’énergie ner­veuse : qu’en advient-il ensuite ? Disparaît-il comme un mirage ? Se dis­sout-il en par­ti­cules ? Se sous­trait-il à la loi ter­restre de la conser­va­tion de la matière ? Les par­celles de pous­sière qui des­cendent au fond de nous et len­te­ment s’y immo­bi­lisent n’ont aucun rap­port avec la dépense faite. Où est-il par­ti ? Où est-il, qu’est-il ? Peut-être se for­me­rait-il autour de ce mot « esprit », si l’on en savait davan­tage, un cercle de silence angois­sé…

[…]

L’esprit sait que la beau­té rend bon, mau­vais, bête ou sédui­sant. Il dis­sèque un mou­ton et un péni­tent, et trouve dans l’un et l’autre humi­li­té et patience. Il ana­lyse une sub­stance et constate que, prise en grandes quan­ti­tés, elle devient un poi­son, en petites doses, un exci­tant. Il sait que la muqueuse des lèvres est appa­ren­tée à celle de l’intestin, mais il sait aus­si que l’humilité de ces mêmes lèvres est appa­ren­tée à celle du sacré. Il mélange, il dis­sout, il recom­pose dif­fé­rem­ment. Pour lui, le bien et le mal, le haut et le bas ne sont pas comme pour le scep­tique des notions rela­tives, mais les termes d’une fonc­tion, des valeurs qui dépendent du contexte dans lequel elles se trouvent. Les siècles lui ont ensei­gné que les vices peuvent deve­nir des ver­tus, et réci­pro­que­ment ; il tient pour pure mal­adresse que l’on ne réus­sisse pas encore, dans le temps d’une vie, à récu­pé­rer un cri­mi­nel. Il n’admet rien de licite ou d’illicite, parce que toute chose peut avoir une qua­li­té qui la fera par­ti­ci­per un jour à un nou­veau grand sys­tème. Il hait secrè­te­ment comme la mort tout ce qui feint d’être immuable, les grands idéaux, les grandes lois, et leur petite copie pétri­fiée, l’homme satis­fait. Il n’est rien qu’il consi­dère comme ferme, aucune per­sonne, aucun ordre ; parce que nos connais­sances peuvent se modi­fier chaque jour, il ne croit à aucune liai­son, et chaque chose ne garde sa valeur que jusqu’au pro­chain acte de la créa­tion, comme un visage auquel on parle et qui s’altère avec les mots.

L’esprit est donc l’opportuniste par excel­lence, mais on ne peut le sai­sir nulle part, et l’on serait ten­té de croire qu’il ne demeure de son action que déca­dence. Tout pro­grès consti­tue un gain de détail, mais une cou­pure dans l’ensemble ; c’est un accrois­se­ment de puis­sance qui débouche dans un pro­gres­sif accrois­se­ment d’impuissance, et c’est une chose à quoi l’on ne peut rien. Cela rap­pe­la à Ulrich ce corps de faits et de décou­vertes, gros­sis­sant presque d’heure en heure, dont l’esprit est contraint aujourd’hui de détour­ner ses regards s’il veut exa­mi­ner avec pré­ci­sion quelque pro­blème que ce soit. Ce corps gros­sit en s’éloignant de l’être inté­rieur. D’innombrables concep­tions, opi­nions, sys­tèmes pro­ve­nant de toutes les régions du monde et de toutes les époques, de toutes les espèces de cer­veaux, sains ou malades, en état de veille ou de rêve, ont beau le sillon­ner comme des mil­liers de petits cor­dons ner­veux, il manque le centre où ses rayons pour­raient conver­ger. L’homme se sent mena­cé de repro­duire le des­tin de ces races d’animaux géants de la pré­his­toire, qui sont morts de leur gran­deur même ; mais il ne peut pas abdi­quer.

Cela fit res­sou­ve­nir Ulrich d’une idée fort dou­teuse à laquelle il avait cru long­temps et qu’il n’avait pas encore pu extir­per de son cer­veau : que seul un sénat d’hommes évo­lués, doués de vastes connais­sances, pou­vait gou­ver­ner le monde. Il est très natu­rel de pen­ser que l’homme qui, malade, se confie aux soins de méde­cins spé­cia­li­sés plu­tôt qu’à des ber­gers, n’a aucune rai­son, lorsqu’il est en bonne san­té, de se faire trai­ter par des bavards beau­coup moins qua­li­fiés que des ber­gers, comme c’est le cas dans ses affaires publiques ; c’est pour­quoi les jeunes gens, qui s’attachent à l’essentiel, com­mencent par juger secon­daire tout ce qui, dans le monde, n’est ni beau, ni vrai, ni bon, par exemple le Ministère des Finances ou, jus­te­ment, un débat par­le­men­taire. Du moins étaient-ils tels autre­fois : aujourd’hui, grâce à l’éducation poli­tique et éco­no­mique, ils doivent avoir chan­gé. Mais, alors déjà, quand on avait pris de l’âge et fré­quen­té assez long­temps ces fumoirs de l’esprit où le monde fume le jam­bon des affaires, on appre­nait à s’accommoder de la réa­li­té. En fin de compte, l’homme culti­vé en venait ordi­nai­re­ment à se limi­ter à sa spé­cia­li­té en adop­tant pour le reste de sa vie la convic­tion que, si les choses pou­vaient évi­dem­ment être dif­fé­rentes dans l’ensemble, il n’en était pas moins inutile d’y pen­ser trop. Tel appa­raît à peu près l’équilibre inté­rieur des tra­vailleurs de l’esprit. Et sou­dain, tout le pro­blème appa­rut à Ulrich sous la forme assez comique d’une ques­tion : le mal ne vien­drait-il pas, en fin de compte, puisqu’on ne peut dou­ter qu’il n’y ait de l’esprit en suf­fi­sance, de ce que l’esprit n’a pas d’esprit ?

Il eut envie de rire : n’était-il pas lui-même un de ces rési­gnés ? Mais l’ambition déçue, vivante encore cepen­dant, le tra­ver­sa comme une épée. En cet ins­tant, deux Ulrich mar­chaient côte à côte. L’un regar­dait en sou­riant autour de lui et pen­sait : « Ainsi donc, j’ai vou­lu jouer un rôle dans des cou­lisses comme celles-là ! Je me suis éveillé un jour, non point mou comme dans le cor­billon mater­nel, mais fer­me­ment per­sua­dé que j’avais quelque chose à réa­li­ser. On m’a don­né mes répliques, et j’ai sen­ti qu’elles ne me concer­naient pas. Toutes choses alors étaient emplies, comme par le scin­tille­ment du trac, de mes attentes et de mes des­seins propres. Entre-temps, la scène a tour­né imper­cep­ti­ble­ment, j’ai avan­cé de quelques pas, et me voi­ci déjà, peut-être, au seuil du dénoue­ment. Sous peu, la scène tour­nante m’aura jeté dehors, et tout ce que j’aurai dit de mon grand rôle sera : “Les che­vaux sont sel­lés. Le diable vous emporte tous !” » Mais tan­dis que l’un des deux Ulrich, pen­sant ain­si et sou­riant, mar­chait dans le flot­te­ment du soir, l’autre tenait les poings fer­més, dans la colère et la souf­france. C’était des deux le moins visible, ne pen­sant qu’à trou­ver une for­mule de conju­ra­tion, une poi­gnée que l’on pût sai­sir, le véri­table esprit de l’esprit, le mor­ceau man­quant, tout petit peut-être, qui per­met­trait de fer­mer le cercle inter­rom­pu. Ce second Ulrich n’avait pas de mots à sa dis­po­si­tion. Les mots sautent d’arbre en arbre comme des singes, mais dans l’obscur domaine où l’on prend racine, on est pri­vé de leur ami­cale entre­mise. Le sol ruis­se­lait sous ses pieds. Il pou­vait à peine ouvrir les yeux. Un sen­ti­ment peut-il souf­fler en tem­pête sans être le moins du monde un sen­ti­ment tem­pé­tueux ?

Was kann, schmückt sich mit Geist, ver­brämt sich. Geist ist, in Verbindung mit irgen­det­was, das Verbreitetste, das es gibt. Der Geist der Treue, der Geist der Liebe, ein männ­li­cher Geist, ein gebil­de­ter Geist, der größte Geist der Gegenwart, wir wol­len den Geist die­ser und jener Sache hoch­hal­ten, und wir wol­len im Geiste unse­rer Bewegung han­deln : wie fest und unanstößig klingt das bis in die unters­ten Stufen. Alles übrige, das alltä­gliche Verbrechen oder die emsige Erwerbsgier, erscheint dane­ben als das Uneingestandene, der Schmutz, den Gott aus sei­nen Zehennägeln ent­fernt.

Aber wenn Geist allein das­teht, als nacktes Hauptwort, kahl wie ein Gespenst, dem man ein Leintuch bor­gen möchte, – wie ist es dann ? Man kann die Dichter lesen, die Philosophen stu­die­ren, Bilder kau­fen und näch­te­weise Gespräche füh­ren : aber ist es Geist, was man dabei gewinnt ? Angenommen, man gewönne ihn : aber besitzt man ihn dann ? Dieser Geist ist so fest ver­bun­den mit der zufäl­li­gen Gestalt seines Auftretens ! Er geht durch den Menschen, der ihn auf­neh­men möchte, hin­durch und läßt nur ein wenig Erschütterung zurück. Was fan­gen wir mit all dem Geist an ? Er wird auf Massen von Papier, Stein, Leinwand in gera­de­zu astro­no­mi­schen Ausmaßen immer von neuem erzeugt, wird eben­so una­bläs­sig unter rie­sen­haf­tem Verbrauch von nervö­ser Energie auf­ge­nom­men und genos­sen : Aber was ges­chieht dann mit ihm ? Verschwindet er wie ein Trugbild ? Löst er sich in Partikel auf ? Entzieht er sich dem irdi­schen Gesetz der Erhaltung ? Die Staubteilchen, die in uns hinab­sin­ken und lang­sam zur Ruhe kom­men, ste­hen in kei­nem Verhältnis zu dem Aufwand. Wohin, wo, was ist er ? Vielleicht würde es, wenn man mehr davon wüßte, bek­lom­men still wer­den um dieses Hauptwort Geist?!

[…]

Der Geist hat erfah­ren, daß Schönheit gut, schlecht, dumm oder bezau­bernd macht. Er zer­legt ein Schaf und einen Büßer und fin­det in bei­den Demut und Geduld. Er unter­sucht einen Stoff und erkennt, daß er in großen Mengen ein Gift, in klei­ne­ren ein Genußmittel sei. Er weiß, daß die Schleimhaut der Lippen mit der Schleimhaut des Darms ver­wandt ist, weiß aber auch, daß die Demut die­ser Lippen mit der Demut alles Heiligen ver­wandt ist. Er bringt dur­chei­nan­der, löst auf und hängt neu zusam­men. Gut und bös, oben und unten sind für ihn nicht skep­tisch-rela­tive Vorstellungen, wohl aber Glieder einer Funktion, Werte, die von dem Zusammenhang abhän­gen, in dem sie sich befin­den. Er hat es den Jahrhunderten abge­lernt, daß Laster zu Tugenden und Tugenden zu Lastern wer­den kön­nen, und hält es im Grunde bloß für eine Ungeschicklichkeit, wenn man es noch nicht fer­tig­bringt, in der Zeit eines Lebens aus einem Verbrecher einen nütz­li­chen Menschen zu machen. Er aner­kennt nichts Unerlaubtes und nichts Erlaubtes, denn alles kann eine Eigenschaft haben, durch die es eines Tages teil hat an einem großen, neuen Zusammenhang. Er haßt heim­lich wie den Tod alles, was so tut, als stünde es ein für alle­mal fest, die großen Ideale und Gesetze und ihren klei­nen ver­stein­ten Abdruck, den gefrie­de­ten Charakter. Er hält kein Ding für fest, kein Ich, keine Ordnung ; weil unsre Kenntnisse sich mit jedem Tag ändern kön­nen, glaubt er an keine Bindung, und alles besitzt den Wert, den es hat, nur bis zum nächs­ten Akt der Schöpfung, wie ein Gesicht, zu dem man spricht, wäh­rend es sich mit den Worten verän­dert.

So ist der Geist der große Jenachdem-Macher, aber er selbst ist nir­gends zu fas­sen, und fast könnte man glau­ben, daß von sei­ner Wirkung nichts als Zerfall übrig­bleibe. Jeder Fortschritt ist ein Gewinn im Einzelnen und eine Trennung im Ganzen ; es ist das ein Zuwachs an Macht, der in einen fort­schrei­ten­den Zuwachs an Ohnmacht mün­det, und man kann nicht davon las­sen. Ulrich fühlte sich an die­sen fast stünd­lich wach­sen­den Leib von Tatsachen und Entdeckungen erin­nert, aus dem der Geist heute heraus­bli­cken muß, wenn er irgen­deine Frage genau betrach­ten will. Dieser Körper wächst dem Inneren davon. Unzählige Auffassungen, Meinungen, ord­nende Gedanken aller Zonen und Zeiten, aller Formen gesun­der und kran­ker, wacher und träu­men­der Hirne dur­ch­zie­hen ihn zwar wie Tausende klei­ner emp­find­li­cher Nervenstränge, aber der Strahlpunkt, wo sie sich verei­nen, fehlt. Der Mensch fühlt die Gefahr nahe, wo er das Schicksal jener Riesentierrassen der Vorzeit wie­de­rho­len wird, die an ihrer Größe zugrun­de­ge­gan­gen sind ; aber er kann nicht ablas­sen. – Dadurch wurde nun Ulrich wie­der an jene recht fragwür­dige Vorstellung erin­nert, die er lange Zeit geglaubt und selbst heute noch nicht ganz in sich aus­ge­merzt hatte, daß die Welt am bes­ten von einem Senat der Wissenden und Vorgeschrittenen gelenkt würde. Es ist ja sehr natür­lich, zu den­ken, daß der Mensch, der sich von fachlich gebil­de­ten Ärzten behan­deln läßt, wenn er krank ist, und nicht von Schafhirten, kei­nen Grund hat, wenn er gesund ist, sich von hir­tenähn­li­chen Schwätzern behan­deln zu las­sen, wie er es in sei­nen öffent­li­chen Angelegenheiten tut, und junge Menschen, denen an den wesen­haf­ten Inhalten des Lebens gele­gen ist, hal­ten darum anfangs alles auf der Welt, was weder wahr, noch gut, noch schön ist, also zum Beispiel auch eine Finanzbehörde oder eben eine Parlamentsdebatte, für nebensä­chlich ; wenig­stens waren sie damals so, denn heute sol­len sie ja dank der poli­ti­schen und wirt­schaft­li­chen Erziehung anders sein. Aber auch damals lernte man, wenn man älter wurde und bei län­ge­rer Bekanntschaft mit der Räucherkammer des Geistes, in der die Welt ihren ges­chäft­li­chen Speck selcht, sich der Wirklichkeit anzu­pas­sen, und der endgül­tige Zustand eines geis­tig ange­bil­de­ten Menschen war ungefähr der, daß er sich auf sein »Fach« bes­chränkte und für den Rest seines Lebens die Überzeugung mit­nahm, das Ganze sollte ja viel­leicht anders sein, aber es habe gar kei­nen Zweck, darü­ber nach­zu­den­ken. So ungefähr sieht das innere Gleichgewicht der Menschen aus, die geis­tig etwas leis­ten. Und mit einem­mal stellte sich Ulrich das Ganze komi­scher Weise in der Frage dar, ob es nicht am Ende, da es doch sicher genug Geist gebe, bloß daran fehle, daß der Geist selbst kei­nen Geist habe ?

Er wollte darü­ber lachen. Er war ja selbst einer von die­sen Verzichtenden. Aber enttäu­sch­ter, noch leben­di­ger Ehrgeiz fuhr durch ihn wie ein Schwert. Zwei Ulriche gin­gen in die­sem Augenblick. Der eine sah sich lächelnd um und dachte : »Da habe ich also ein­mal eine Rolle spie­len wol­len, zwi­schen sol­chen Kulissen wie die­sen. Ich bin eines Tages erwacht, nicht weich wie in Mutters Körbchen, son­dern mit der har­ten Überzeugung, etwas aus­rich­ten zu müs­sen. Man hat mir Stichworte gege­ben, und ich habe gefühlt, sie gehen mich nichts an. Wie von flim­mern­dem Lampenfieber war damals alles mit mei­nen eige­nen Vorsätzen und Erwartungen aus­gefüllt gewe­sen. Unmerklich hat sich aber inz­wi­schen der Boden gedreht, ich bin ein Stück meines Weges voran gekom­men und stehe viel­leicht schon beim Ausgang. Über kurz wird es mich hinaus­ge­dreht haben, und ich werde von mei­ner großen Rolle gerade gesagt haben : ›Die Pferde sind gesat­telt.‹ Möge euch alle der Teufel holen!« Aber wäh­rend der eine mit die­sen Gedanken lächelnd durch den schwe­ben­den Abend ging, hielt der andre die Fäuste geballt, in Schmerz und Zorn ; er war der weni­ger sicht­bare, und woran er dachte, war, eine Beschwörungsformel zu fin­den, einen Griff, den man viel­leicht packen könnte, den eigent­li­chen Geist des Geistes, das feh­lende, viel­leicht nur kleine Stück, das den zer­bro­che­nen Kreis schließt. Dieser zweite Ulrich fand keine Worte zu sei­ner Verfügung. Worte sprin­gen wie die Affen von Baum zu Baum, aber in dem dunk­len Bereich, wo man wur­zelt, ent­behrt man ihrer freund­li­chen Vermittlung. Der Boden strömte unter sei­nen Füßen. Er konnte die Augen kaum öff­nen. Kann ein Gefühl bla­sen wie ein Sturm und doch ganz und gar kein stür­misches Gefühl sein ?

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t. 1
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chap. 40  : « Un homme a toutes les qua­li­tés, mais elles lui sont indif­fé­rentes. Un prince de l’esprit est arrê­té, et l’Action paral­lèle trouve un secré­taire d’honneur »
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trad.  Philippe Jaccottet
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p. 190–195