Comment donc doit-on décrire ce quelque chose ? Que l’on choisisse de rester immobile ou de marcher, l’essentiel n’est pas ce que l’on a devant soi, ce que l’on voit, entend, veut, saisit ou dompte. C’est devant vous un horizon, un demi-cercle ; mais il y a une corde qui réunit les deux extrémités de ce demi-cercle, et le plan de cette corde traverse le monde par le milieu. En avant de nous, visage et mains pointent hors de ce plan ; les sensations et les aspirations accourent à nous devant lui ; et personne ne doute que ce que l’on fait dans cet espace soit toujours raisonnable, ou du moins passionné ; cela signifie que les circonstances extérieures ont une manière de conditionner nos actions que tout le monde peut comprendre, et que, même si nous faisons, sous le coup de la passion, quelque chose d’incompréhensible, cet incompréhensible a encore, en fin de compte, sa manière propre. Mais si parfaitement compréhensibles et pleines que paraissent alors toutes choses, le sentiment obscur n’en demeure pas moins qu’il n’y a là qu’une demi-plénitude, une demi-compréhension. L’équilibre n’y est pas tout à fait, et l’homme avance pour ne pas chanceler, comme le fait un danseur de corde. Comme il avance à travers la vie et laisse derrière soi du vécu, le vécu et ce qui est encore à vivre forment une espèce de cloison, et le cheminement de l’homme finit par ressembler à celui du ver dans le bois, qui peut y sinuer à son aise et même retourner en arrière, mais n’en laisse pas moins toujours un espace vide derrière lui. C’est à ce sentiment effrayant d’un espace aveugle et amputé derrière tout espace rempli, à cette moitié perpétuellement manquante, même si chaque chose forme un tout, que l’on finit par remarquer ce que l’on appelle l’âme.
De plus, on la pense, on la devine, on la sent évidemment tout le temps, sous la forme des succédanés les plus divers, et chacun selon son tempérament. Dans la jeunesse, c’est un sentiment très net d’incertitude en tout ce que l’on fait : était-ce bien ce qu’il fallait faire ? Dans la vieillesse, c’est l’étonnement de n’avoir pas fait davantage de tout ce que l’on s’était proposé. Dans l’entre-deux, c’est la consolation de penser que l’on est un sacré type, un brave type, ou un « type » tout court, même s’il y a dans ce que l’on fait des petites choses pas toujours parfaitement justifiables ; ou bien, que le monde n’est pas ce qu’il devrait être, de sorte qu’en fin de compte tout ce que l’on n’a pas pu faire aboutit encore à un compromis satisfaisant ; sans compter que beaucoup de gens imaginent encore, au-dessus de toutes choses, un Dieu qui garde dans sa poche le morceau qui leur manquait. L’amour seul adopte à cet égard une attitude particulière ; dans cette exception, la seconde moitié grandit. L’être que l’on aime paraît se dresser là où d’ordinaire il manque quelque chose. Les âmes s’unissent pour ainsi dire « dos à dos » et se rendent elles-mêmes superflues. C’est pourquoi la plupart des hommes, une fois passé le premier grand amour, ne sont plus sensibles à l’absence de l’âme ; cette prétendue folie accomplit donc un travail social méritoire.
Von allen Eigentümlichkeiten dieses Wortes Seele ist aber die merkwürdigste, daß junge Menschen es nicht aussprechen können, ohne zu lachen. Selbst Diotima und Arnheim scheuten sich, es ohne Verbindung zu gebrauchen ; denn eine große, edle, feige, kühne, niedrige Seele zu haben, das läßt sich noch behaupten, aber schlechtweg zu sagen, meine Seele, das bringt man nicht über sich. Es ist ein ausgeprägtes Wort für ältere Leute, und das ist nur so zu verstehen, daß man annimmt, es müsse sich im Laufe des Lebens irgend etwas immer fühlbarer machen, für das man dringend einen Namen braucht, ohne ihn zu finden, bis man schließlich den ursprünglich verschmähten dafür widerstrebend in Gebrauch nimmt.
Wie soll man es also beschreiben ? Man kann stehn oder gehn, wie man will, das Wesentliche ist nicht, was man vor sich hat, sieht, hört, will, angreift, bewältigt. Es hegt als Horizont, als Halbkreis voraus ; aber die Enden dieses Halbkreises verbindet eine Sehne, und die Ebene dieser Sehne geht mitten durch die Welt hindurch. Vorn sehen das Gesicht und die Hände aus ihr heraus, laufen die Empfindungen und Bestrebungen vor ihr her, und niemand bezweifelt : was man da tut, ist immer vernünftig oder wenigstens leidenschaftlich ; das heißt, die Verhältnisse außen verlangen in einer Weise unsere Handlungen, die jedermann begreiflich ist, oder wenn wir, von Leidenschaft befangen, Unbegreifliches tun, so hat schließlich auch das seine Weise und Art. Aber so vollständig dabei alles verständlich und in sich geschlossen erscheint, wird es doch von einem dunklen Gefühl begleitet, daß es bloß etwas Halbes sei. Es fehlt etwas am Gleichgewicht, und der Mensch dringt vor, um nicht zu wanken, wie es ein Seilläufer tut. Und da er durchs Leben dringt und Gelebtes hinter sich läßt, bilden das noch zu Lebende und das Gelebte eine Wand, und sein Weg gleicht schließlich dem eines Wurms im Holz, der sich beliebig winden, ja auch zurückwenden kann, aber immer den leeren Raum hinter sich läßt. Und an diesem entsetzlichen Gefühl eines blinden, abgeschnittenen Raums hinter allem Ausgefüllten, an dieser Hälfte, die immer noch fehlt, wenn auch alles schon ein Ganzes ist, bemerkt man schließlich das, was man die Seele nennt.
Man denkt, ahnt, fühlt sie natürlich allezeit hinzu ; in den verschiedensten Arten von Ersätzen und je nach Temperament. In der Jugend als ein deutliches Gefühl der Unsicherheit bei allem, was man tut, ob es wohl auch das rechte sei. Im Alter als Staunen darüber, wie wenig man von dem getan hat, was man eigentlich vorhatte. Dazwischen als Trost, daß man ein verfluchter, tüchtiger, braver Kerl sei, wenn auch nicht alles im einzelnen zu rechtfertigen ist, was man tut ; oder daß ja auch die Welt nicht so sei, wie sie sollte, so daß am Ende alles, was man verfehlt hat, noch einen gerechten Ausgleich darstellt ; und schließlich denken manche Leute sogar über alles hinaus an einen Gott, der das ihnen fehlende Stück in der Tasche trägt. Eine besondere Stellung nimmt dabei nur die Liebe ein ; in diesem Ausnahmefall wächst nämlich die zweite Hälfte zu. Der geliebte Mensch scheint dort zu stehen„ wo sonst stets etwas fehlt. Die Seelen vereinigen sich sozusagen dos à dos und machen sich dabei überflüssig. Weshalb die meisten Menschen nach dem Vorübergehen der einen großen Jugendliebe das Fehlen der Seele nicht mehr empfinden, und diese sogenannte Torheit eine dankbare soziale Aufgabe erfüllt.