« Tu voudrais vivre conformément à ton idée, commença-t-il, et tu voudrais savoir comment cela serait possible. Mais une idée est ce qu’il y a de plus paradoxal au monde. La chair s’unit aux idées tel un fétiche. Qu’une idée s’attache à la chair, tout devient magie. Une simple gifle, par l’intermédiaire de l’idée d’honneur, de châtiment ou de toute autre idée analogue, peut devenir mortelle. Pourtant, les idées ne peuvent jamais se maintenir dans l’état où elles ont le plus de force ; elles ressemblent à ces substances qui, dès qu’elles entrent en contact avec l’air, se transforment en une autre substance, durable certes, mais corrompue. Tu en as souvent fait l’expérience. Car tu deviens toi-même idée, dans certains cas particuliers. Quelque chose, on ne sait quoi, te souffle contre ; comme quand la vibration de la corde produit soudain une note ; il y a devant toi comme un mirage ; la confusion de ton âme s’est faite interminable caravane, et toutes les beautés du monde paraissent défiler au bord de ta route. Tel est souvent l’effet d’une simple idée. Quelque temps après, cette idée commence à ressembler à toutes les autres idées que tu as déjà eues, elle se subordonne à elles, devient un élément de tes conceptions et de ton caractère, de tes principes ou de tes humeurs, elle a perdu ses ailes et gagné une mystérieuse solidité. »
»Du möchtest nach deiner Idee leben« hatte er begonnen »und möchtest wissen, wie man das kann. Aber eine Idee, das ist das Paradoxeste von der Welt. Das Fleisch verbindet sich mit Ideen wie ein Fetisch. Es wird zauberhaft, wenn eine Idee dabei ist. Eine gemeine Ohrfeige kann durch die Idee von Ehre, Strafe und dergleichen tödlich werden. Und doch können sich Ideen niemals in dem Zustand, wo sie am stärksten sind, erhalten ; sie gleichen jenen Stoffen, die sich sofort an der Luft in eine dauerhaftere andere, aber verdorbene Form umsetzen. Das hast du oft mitgemacht. Denn eine Idee : das bist du ; in einem bestimmten Zustand. Irgendetwas haucht dich an ; wie wenn in das Rauschen von Saiten plötzlich ein Ton kommt ; es steht etwas vor dir wie eine Luftspiegelung ; aus dem Gewirr deiner Seele hat sich ein unendlicher Zug geformt, und alle Schönheiten der Welt scheinen an seinem Wege zu stehn. Das bewirkt oft eine einzige Idee. Aber nach einer Weile wird sie allen anderen Ideen, die du schon gehabt hast, ähnlich, sie ordnet sich ihnen unter, sie wird ein Teil deiner Anschauungen und deines Charakters, deiner Grundsätze oder deiner Stimmungen, sie hat die Flügel verloren und eine geheimnislose Festigkeit angenommen.«