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Foucault, Le courage de la vérité

Démosthène dit ain­si que, à la dif­fé­rence des mau­vais par­rè­siastes qui, eux, disent n’im­porte quoi et n’in­dexent pas leurs dis­cours à la rai­son, il ne veut pas par­ler sans rai­son, il ne veut pas « en venir aux injures » et « rendre coup pour coup » (vous savez, ces fameuses dis­putes où on dit n’im­porte quoi, pour­vu que ça puisse des­ser­vir l’ad­ver­saire et être utile à sa propre cause). Il ne veut pas faire cela, il veut au contraire, avec de la par­rê­sia (meta par­rê­sias) dire le vrai (ta ale­thê : les choses vraies). D’ailleurs, il ajoute : je ne dis­si­mu­le­rai rien (oukh apo­kh­rup­sô­mai). Ne rien cacher, dire les choses vraies, c’est pra­ti­quer la par­rê­sia. La par­rê­sia, c’est donc le « tout-dire », mais indexé à la véri­té : tout dire de la véri­té, ne rien cacher de la véri­té, dire la véri­té sans la mas­quer par quoi que ce soit.