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Musil, L’homme sans qualités

Moosbrugger était tou­jours dans sa cel­lule, atten­dant les psy­chiatres pour un nou­vel exa­men de son état men­tal. Cela don­nait une masse com­pacte de jour­nées. Chaque jour­née iso­lée en res­sor­tait, bien sûr, quand elle était là, mais dès le soir elle retom­bait dans la masse. […] Les évé­ne­ments loin­tains et les évé­ne­ments tout frais n’étaient plus arti­fi­ciel­le­ment sépa­rés, mais, lorsqu’ils étaient iden­tiques, la dif­fé­rence de date ces­sait de s’attacher à eux comme le fil rouge que l’on est obli­gé de pas­ser autour du cou d’un nou­veau-né que l’on ne dis­tingue pas de son jumeau.

Moosbrugger saß noch immer im Gefängnis und war­tete auf die Wiederholung sei­ner Untersuchung durch die Irrenärzte. Das ergab eine ges­chlos­sene Menge von Tagen. Der ein­zelne trat wohl her­vor, wenn er da war, aber er sank schon gegen Abend wie­der in die Menge zurück. […] Weit Zurückliegendes und Frisches wurde nicht län­ger künst­lich ausei­nan­der­ge­hal­ten, son­dern wenn es das gleiche war, dann hörte das, was man »zu ver­schie­de­ner Zeit« nennt, auf, daran zu haf­ten wie ein roter Faden, den man aus Verlegenheit einem Zwilling um den Hals bin­den muß.
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t. 1
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chap. 110  : « Dissolution et conser­va­tion de Moosbrugger »
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trad.  Philippe Jaccottet
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p. 706