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Musil, L’homme sans qualités

Avoir de l’intuition était alors à la mode chez tous ceux qui n’arrivaient pas à jus­ti­fier entiè­re­ment leur acti­vi­té par la rai­son. Cela jouait à peu près le même rôle qu’en ce moment le fait d’être « dyna­mique ». Tout ce que l’on fai­sait faux, tout ce qui ne vous don­nait pas entière et pro­fonde satis­fac­tion, était jus­ti­fié sous pré­texte d’être fait pour ou par l’intuition. On recou­rait à l’intuition pour cuire un plat comme pour écrire un livre.

Intuition zu haben, war damals bei allen Leuten an der Zeit, die ihr Tun mit der Vernunft nicht recht verant­wor­ten konn­ten ; es spielte ungefähr die gleiche Rolle, die es augen­bli­ck­lich inne­hat, Tempo zu besit­zen. Alles, was man falsch machte oder was einem zu innerst nicht res­t­los gelang, wurde dadurch gerecht­fer­tigt, daß es für die Intuition oder durch sie ges­chaf­fen sei, und man benutzte Intuition sowohl zum Kochen wie zum Bücherschreiben…

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t. 1
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chap. 112  : « Arnheim range son père Samuel au nombre des dieux et décide de conqué­rir Ulrich. Soliman vou­drait en savoir davan­tage sur son royal père. »
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trad.  Philippe Jaccottet
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p. 725