Est-ce que je tendais la main vers l’interrupteur, prononçais les mots à voix basse, « je ne sais pas », et seulement alors me disais : « Tiens, voilà que je les ai prononcés encore ! », et cela, chaque soir ? N’est-ce pas plutôt que, une fois, les prononçant, me surprenant les prononçant, j’ai pensé – j’ai pensé d’abord « Mais qu’est-ce qu’il me prend ? » : je ne battais pas, en effet, à tel point la campagne que je n’eusse conscience à tout le moins d’une bizarrerie ; et ensuite seulement : « Qui plus est, il me semble bien que ce n’est pas la première fois. » Mais combien de fois ? Une fois ? Deux fois ? Trois ou quatre ? En sorte que, où j’ai dit plus haut « chaque soir », il pourrait ne s’agir que de peu de soirs, et peut-être point même consécutifs. Il pourrait ne s’agir que de l’illusion de plusieurs soirs. Ou est-ce que je me surprenais, ces mots, « je ne sais pas », sur le point de les prononcer, et cela, alors, oui, pourquoi pas ?, chaque soir – chaque soir, de nouveau, ayant dérivé mes pensées sur le sujet vaste de mon ignorance –, ou non pas, d’ailleurs, sur le point de les prononcer, ni ne me surprenant, mais, chaque soir, y recourant comme à cela seul qui fût sûr, ou non pas y recourant, et non pas comme à cela seul qui fût sûr, en négligeant, encore qu’elle fût, la certitude au profit de la répétitivité qu’elle fonde, en acceptant, provisoire, puisque, le lendemain, je recommencerais, le constat en tant même que, le lendemain, je recommencerais, et l’égalant, répétitif, par là m’égalant, et mieux de le dire, de prononcer les mots, et qu’ils vibrassent, fût-ce peu, dans l’air et dans l’espace, qui sont ordre de la nature, à l’ordre de la nature, et à la répétitivité des soirs.
09 12 24