52. Si vous y arrivez, essayez de ne pas parler comme si les couleurs émanaient d’un seul phénomène physique. Gardez à l’esprit les effets que toutes les sortes de surfaces, de volumes, de sources de lumière, de pellicules, d’étendues, de degrés de solidité, de solubilité, de température et d’élasticité ont sur la couleur. Pensez à la capacité qu’a un objet d’émettre, de refléter, d’absorber. de transmettre ou de diffuser la lumière ; pensez à « l’action de la lumière sur une plume ». Demandez-vous : quelle est la couleur d’une flaque ? Votre canapé bleu est-il toujours bleu quand vous passez devant d’un pas hésitant au beau milieu de la nuit pour aller chercher de l’eau à la cuisine ; est-il toujours bleu si vous ne vous levez pas et que personne n’entre dans la pièce pour le voir ? Quinze jours après notre naissance, nous commençons à distinguer les couleurs. Pour le restant de notre vie, sauf perte totale ou partielle de la vue, nous sommes confrontés à tous ces phénomènes d’un coup, et appelons ce fouillis chatoyant « couleur ». On pourrait aller jusqu’à dire qu’il revient à l’œil de discerner ces formes colorées de ce tout qui, en fait, chatoie. C’est ainsi que « nous circulons » dans le monde. D’aucuns l’envisagent sans doute comme la source de nos souffrances.
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