Et quant aux autres fautes qu’on m’opposerait, barbarismes, parler dorique, style improvisé, tautologies, imitation servile, rhapsodies de haillons pris dans divers rebuts, restes d’auteurs, marottes, sottises, dévidés à l’avenant, sans art, invention ni jugement, sans esprit ni savoir, texte plein d’aspérité, brut, grossier, extravagant, absurde, insolent, sans discrétion ni composition, mal digéré, vain, vulgaire, sans intérêt, sec et ennuyeux, j’avoue tout cela (c’est en partie voulu). Lecteur, tu ne peux pas avoir de moi une plus piètre idée que moi-même. Rien ici ne vaut la peine d’être lu, j’y consens, je te prie de ne pas perdre ton temps à te pencher sur un si vain sujet. Je serais moi-même tout aussi réticent à lire un tel écrivain, toi ou un autre, ce n’est pas operae pretium – [cela n’en vaut pas la peine. Je ne dirai que ceci : j’ai des précédents, argument qu’Isocrate appelle perfugium – [refuge des pécheurs, qui sont tout aussi absurdes, vains, illettrés, sans intérêt, etc. Nonnulli – d’autres en ont commis autant et plus, et peut-être toi-même, novimus – [nous savons aussi que des gens t’ont vu à l’œuvre, nous avons tous nos défauts, scimus – [je le sais, et j’en revendique le privilège, tu me critiques, j’en ai critiqué d’aucuns, toi-même peut-être bientôt, caedimus – [nous frappons et, à notre tour, etc. C’est lex talionis –[la loi du talion, le juste retour des choses. Donc critique, censure, raille et invective :
Nasutus –[tu peux nous mépriser autant que tu veux, n’être que mépris,
Tu ne pourras attaquer mes pauvres productions plus que je ne le fais.
Ne serais-tu que sarcasmes et invectives, un vrai Momus,
Tu ne saurais dire pis de nous que nous-même.