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Burton, Anatomie de la mélancolie

Et, comme le grand capi­taine Zisca vou­lait qu’après sa mort on fît un tam­bour de sa peau, parce qu’il pen­sait qu’à son seul bruit ses enne­mis s’enfuiraient, je ne doute point que les lignes qui suivent, lorsqu’elles seront lues en lec­ture publique ou pri­vée plus tard, éloi­gne­ront la mélan­co­lie (même lorsque je ne serai plus là) autant que le tam­bour de Zisca pou­vait faire fuir ses enne­mis. Que je puisse cepen­dant adres­ser ici un conseil à mon lec­teur, pré­sent ou futur, qui serait lui-même atteint de mélan­co­lie : qu’il ne lise pas les symp­tômes ou les pro­nos­tics du trai­té qui suit, de peur qu’en s’appliquant à lui-même ce qu’il lit, il n’aggrave son cas en pre­nant pour sa propre per­sonne ce qui est dit en géné­ral (ce que font d’ailleurs presque tous les mélan­co­liques), et qu’ainsi il ne se cause du tour­ment ou de la peine, se fai­sant plus de mal que de bien.

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trad.  Gisèle Venet
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p. 95–96