L’attestation des droits au chômage, le numéro d’immatriculation, les justificatifs, etc., créent une appartenance à un corps social maintenu en vie et régulé par des institutions étatiques, par des administrations qui la financent et produisent ainsi des signes dans lesquels les chômeurs se reconnaissent et acceptent leur condition. En d’autres termes : tout se passe comme si des personnes licenciées devenaient des éléments enregistrés d’une tribu d’humains particuliers, certes exclus de l’emploi, mais dotés de normes d’appartenance précisément définies : A tribe called « chômeurs » – une tribu à part entière. Selon McLuhan, la tendance générale des médias électroniques est de créer des tribus ; des fans de jazz, des porteurs de baskets Nike, etc. Le numéro de tribu confère aux membres de la tribu des chômeurs une sorte de stabilité inattendue – comme s’ils avaient reçu un nouveau corps institutionnel sériel dont la forme peut être aisément « avalée » par le pays, même quand on a 5 ou 6 millions de personnes « sans travail », dans des proportions qui avaient, un demi-siècle plus tôt, précipité ce pays dans l’abîme et dans la folie, et conduit d’autres pays au bord.
25 08 25