25 08 25

Theweleit, La possibilité d’une vie non-fasciste

L’attestation des droits au chô­mage, le numé­ro d’immatriculation, les jus­ti­fi­ca­tifs, etc., créent une appar­te­nance à un corps social main­te­nu en vie et régu­lé par des ins­ti­tu­tions éta­tiques, par des admi­nis­tra­tions qui la financent et pro­duisent ain­si des signes dans les­quels les chô­meurs se recon­naissent et acceptent leur condi­tion. En d’autres termes : tout se passe comme si des per­sonnes licen­ciées deve­naient des élé­ments enre­gis­trés d’une tri­bu d’humains par­ti­cu­liers, certes exclus de l’emploi, mais dotés de normes d’appartenance pré­ci­sé­ment défi­nies : A tribe cal­led « chô­meurs » – une tri­bu à part entière. Selon McLuhan, la ten­dance géné­rale des médias élec­tro­niques est de créer des tri­bus ; des fans de jazz, des por­teurs de bas­kets Nike, etc. Le numé­ro de tri­bu confère aux membres de la tri­bu des chô­meurs une sorte de sta­bi­li­té inat­ten­due – comme s’ils avaient reçu un nou­veau corps ins­ti­tu­tion­nel sériel dont la forme peut être aisé­ment « ava­lée » par le pays, même quand on a 5 ou 6 mil­lions de per­sonnes « sans tra­vail », dans des pro­por­tions qui avaient, un demi-siècle plus tôt, pré­ci­pi­té ce pays dans l’abîme et dans la folie, et conduit d’autres pays au bord.