Tout en s’appuyant sur la distinction dyonisienne des trois voies – négation, éminence, causalité –, Hugues [Ripelin de Strasbourg] propose une théorie de la contemplation fondée sur une noétique d’inspiration essentiellement augustinienne.
Le nom que porte l’âme ne lui est pas essentiel mais, si l’on peut dire, extrinsèque. C’est la diversité de ses fonctions ou opérations qui fait qu’elle est appelée ici « âme », là « mens », là encore « raison », « esprit », « sens » ou « mémoire ».
Cette extériorité de la désignation rappelle en un sens celle de Dieu lui-même, connu et nommé d’après ses effets. Hugues est ici très proche du motif avicenno-albertinien, plus tard repris par Eckhart, selon lequel l’âme est elle-même « sans nom ». La polynymie de l’âme n’atteint pas son essence, elle ne dit que ses fonctions : « On l’appelle “âme” quand elle anime et vivifie un corps. “Mens” en tant qu’elle examine (recolit). “Animus” quand elle veut. “Raison” quand elle juge droitement. “Esprit” quand elle spire ou parce qu’elle est de nature spirituelle. “Volonté” quand elle décide. Tous ces noms ne reviennent pas à l’âme à cause d’une pluralité dans son essence mais seulement à cause de la multiplicité de ses effets et à cause de son activité même. »
[…] La présence de l’âme au corps n’est donc pas d’ordre ontologique. Elle est d’ordre opératoire.
15 09 20