À la fin de Matière et mémoire, Bergson développe l’idée selon laquelle la perception serait une fonction du temps. Si nous vivions, peut-on dire, selon un autre rythme, plus serein, il n’y aurait plus rien de « permanent » pour nous ; tout adviendrait sous nos yeux, tout viendrait nous frapper. C’est précisément ce qui se passe dans le rêve. Pour comprendre ce que sont, au fond, les passages, nous les enfouissons dans la plus profonde couche du rêve et nous en parlons comme s’ils étaient venus nous frapper. Un collectionneur considère les choses de la même façon. Les choses viennent frapper le collectionneur. La façon dont il cherche et trouve une nouvelle pièce, la façon dont sa présence modifie les autres, tout cela l’invite à regarder les objets de sa collection comme dissous – à la manière du réel dans le rêve – dans un flux permanent.
18 01 16