18 01 16

Duvert, Journal d’un innocent

Vieillir ne m’ins­pire pas d’ap­pré­hen­sion, et je suis cho­qué, en France, de ren­con­trer tant d’a­do­les­cents, de jeunes gens, pour qui avoir vingt-cinq ou trente ans, c’est tom­ber dans une déchéance telle que cer­tains d’entre eux, s’ils envi­sagent cet ave­nir, disent sim­ple­ment : je me flin­gue­rai.
Mais ils ne se tue­ront pas. Leur mépris des autres âges les aura seule­ment pré­pa­rés à deve­nir n’im­porte quoi, quand ce sera leur tour A se sou­mettre à tout, à se rabattre sur n’im­porte quelle bas­sesse intel­lec­tuelle, reli­gieuse ou sociale, n’im­porte quel confor­misme, à subir n’im­porte quelle défaite : et ils devien­dront ain­si exac­te­ment ce qu’ils haïssent aujourd’­hui dans les plus âgés qu’eux. Se flin­guer ? Ce seront des morts, oui, mais qui puent.