18 01 16

L’angoisse, évi­dem­ment, ne s’ap­prend pas. On la pro­vo­que­rait ? C’est pos­sible : je n’y crois guère. On peut en agi­ter la lie… Si quel­qu’un avoue de l’an­goisse, il faut mon­trer le néant de ses rai­sons. Il ima­gine l’is­sue de ses tour­ments : s’il avait plus d’argent, une femme, une autre vie… La niai­se­rie de l’an­goisse est infi­nie. Au lieu d’al­ler à la pro­fon­deur de son angoisse, l’an­xieux babille, se dégrade et fuit. Pourtant l’an­goisse était sa chance : il fut choi­si dans la mesure de ses pres­sen­ti­ments. Mais quel gâchis s’il élude : il souffre autant et s’hu­mi­lie, il devient bête, faux, super­fi­ciel. L’angoisse élu­dée fait d’un homme un jésuite agi­té, mais à vide.

L’expérience inté­rieure
Gallimard 1943
angoisse jésuite