Quant à mon honneur, j’entends bien que personne ne s’en soucie plus que moi, maintenant qu’il est trop tard pour le faire. Si seulement mes parents s’en étaient souciés quand ils m’ont donnée à vous ! S’ils ne l’ont pas fait alors, je n’entends pas me préoccuper du leur à présent. Si je vis en état de péché mortier, j’y resterai, aujourd’hui et demain, bien bêchée par ce pilon : n’en soyez pas plus soucieux que moi ! Et puis, je vous le déclare : ici, j’ai l’impression d’être l’épouse de Paganino, tandis qu’à Pise, j’avais l’impression d’être votre putain, quand je songe que la conjonction de nos planètes était fonction des positions de la lune et des quadratures, alors qu’ici, Paganino me tient dans ses bras toute la nuit, et il me presse, et il me mord ! Quant à la façon dont il m’arrange, Dieu seul peut vous le dire à ma place. Vous ferez des efforts, dites-vous : mais pour quoi ? Pour faire partie nulle et pour lever la canne ? Je sais que vous êtes devenu bon chevaucheur depuis que je ne vous ai vu ! Allez-vous-en, et efforcez-vous de vivre, car j’ai plutôt l’impression que vous êtes en location en ce monde, tant vous m’avez l’air poitrinaire et gringalet.
18 01 16