18 01 16

Mais j’ai tou­jours eu le sens de ce qu’il faut ou ne faut pas publier, bien que j’aie tou­jours pen­sé que publier est une pure folie, sinon même un crime de l’es­prit, mieux encore, un crime capi­tal contre l’es­prit. Oui, nous ne publions que pour satis­faire notre désir de gloire, pour nulle autre rai­son, quand ce n’est pas pour la rai­son encore beau­coup plus vile de l’argent, qui, tou­te­fois, vu les condi­tions dans les­quelles je suis né, peut être écar­tée en ce qui me concerne, Dieu mer­ci ! […] Toute publi­ca­tion est une bêtise et une preuve de médio­cri­té. Faire paraître l’es­prit est le plus hon­teux de tous les crimes et je n’ai pas craint de com­mettre à plu­sieurs reprises ce crime le plus hon­teux de tous. Et ce n’a­vait même pas été la gros­sière envie de com­mu­ni­quer, puisque je n’ai jamais vou­lu me com­mu­ni­quer à qui­conque, je n’a­vais rien à voir avec cela, c’é­tait le pur désir de gloire, rien d’autre.

Béton [Beton, 1982]
trad. Gilberte Lambrichs
Gallimard 1985
communication édition publication